Le complexe d'Oedipe chez les petites filles
"Un jour, moi, je me mariera avec Papa!"
Voilà ce que je ne vais pas tarder à entendre. Ma fille, tout juste deux ans, ne jure que par son père. Elle essaie, sans ménagement, d'évincer sa mère. Elle ne supporte pas que je touche ou que j'embrasse son père. Elle irait, si je la laissais faire, jusqu'à me taper. Déjà, elle tente de me pousser lorsque je m'installe contre lui sur le canapé. Je n'ai de cesse de lui expliquer que papa c'est son papa mais que c'est Mon chéri; et elle de me répondre: "non, maman, pas chéri!"
Sa dernière trouvaille? Elle avait décidé qu'elle dormirait avec son père et moi dans son lit à barreaux. Ma réponse fut on ne peut plus claire: non!! Chacun dans son lit, tu peux toujours rever! Je me dis, elle a raison, qui ne tente rien n'a rien! Elle est si mignonne à se bader son père mais...à la longue, c'est un peu lassant de lui répeter que: maman à le droit de s'asseoir là, que papa est le chéri de maman pas le sien, ....etc, et j'en passe. Oui, car il y a aussi les crises de larmes pour un calin de papa. Je veux bien qu'elle fasse des câlins à son père mais enfin, j'ai rien inventé: pour ça, il faut qu'il soit là, pas au travail! Mais non, elle ne veut rien entendre, ne veut pas que je m'approche d'elle, ni bisous, ni câlins! Soit, débrouilles-toi ma grande!
Evidemment, son père, lui, cette situation n'est pas pour lui déplaire: être l'objet de tant d'amour, être si important, si demandé. Tellement bien que parfois, il en oublie de jouer son rôle. Et oui, un papillonement d'yeux, une moue triste, une joue posée sur l'épaule et papa fond complétement. Alors, en privé, j'essaie de lui rappeler qu'elle va grandir et qu'un jour il paiera ces craquages intempestifs! Il le sait mais me répond "Ben oui mais c'est ma chipie..." Ah, comme quoi, dès le plus jeune âge, nous sommes programmées, nous les femmes, à user, voire abuser de tentatives de séductions. Et le père est une proie toute désignée. Pour ma part, elle peut bien retrousser ses lèvres, verser sa larme, je me tiens à ce que je lui dis.
Il va falloir qu'elle se fasse à l'idée qu'elle a, face à elle, une rivale de taille. Et elle aura beau faire tout ce qu'elle veut ou tout ce qu'elle peut pour m'enquiquiner (ce qui est actuellement le cas, depuis une semaine), je ne lâcherai rien. Si elle est tête-de-mule, je le serai plus qu'elle et inutile d'appeler papa à la rescousse. C'est peut-être ton super-héros, mais il ne te sauvera pas de l'autorité parentale et de notre obligation d'éducation.
Allez, ma puce, sans rancune, ton combat est normal mais t'as aucune chance d'épouser ton père...Et ce dernier rira moins quand son fils sera amoureux de maman!